CAN (D) 2018 : « Seules les survivantes iront à la CAN »
Le 7 novembre 2018, Simon Buchard Menguede a été désigné entraîneur principal par intérim des Lionnes du handball, en remplacement de Jean-Marie Zambo, relevé de ses fonctions par le ministre des Sports et de l’Education physique.
Comme un couperet, la nouvelle est tombée produisant une secousse violente dans l’antre de la sélection nationale dames de handball. Simon Buchard Menguede est connu de tous, sélectionneur des Lions, il est réputé pour ses méthodes « martiales » d’entraînement. Avec lui, il faut être très dure psychologiquement. Les calculs, il sait très vite les démasquer. Son entraînement est souvent piquant, puisque Simon Buchard Menguede veut obtenir le meilleur de chacune des joueuses de son groupe. Avec subtilité, il sait pousser l’autre à évoluer dans une instabilité, un inconfort qui pousse à travailler et ne pas tricher. Avec les filles, dit-il, il faut souvent enlever le gant de velours. le nouvel entraîneur et son staff, c’est l’école du « Train Hard Be Fearless ». Interview de celui qui conduira les Lionnes au Congo du 2 au 12 décembre 2018 pour le compte de la CAN 208.
Simon Buchard Menguede vous êtes le sélectionneur des Lionnes du handball par intérim. Vous êtes à la tête de cette équipe après une expédition manquée en début d’année avec les Lions au Gabon. Cette nomination est-elle une opération rachat pour vous ?
Non. La manipulation de l’être humain a ceci de spéciale est qu’elle est subjective. Il faut prendre le sport dans tous les sens et admettre le résultat qui peut arriver. Nous avons eu une bonne préparation avec les garçons mais d’autres aléas n’ont pas permis aux espoirs que nous avions pour cette équipe de se concrétiser par des résultats conséquents. Pourtant, le travail qui a été fait n’a pas manqué de séduire les amoureux de handball au Gabon. C’est notre consolation, le travail va continuer, dans le futur, il y aura de meilleurs résultats. Mais nous retrouver à la tête des Lionnes de façon intérimaire n’est en rien une opération de rachat. C’est une nouvelle mission confiée.
Vous arrivez chez les Lionnes n’ayant jamais travaillé avec une sélection dames…
Oui. Mais j’ai toujours travaillé avec des équipes féminines. Depuis 2008, j’ai été entraîneur de toutes les équipes dames du Sud-Ouest. Je connais bien la philosophie des dames quoique n’ayant pas travaillé avec une sélection seniors. Donc, c’est ma première fois en équipe nationale. J’ai une certaine discipline personnelle et une discipline de groupe que je mettrai sur pied pour observer les résultats que nous obtiendrons.
Dans ce groupe, comment organiser le travail à la « Menguede » ?
Ce sera comme chez les Lions masculins. Là-bas, nous bossions dur. Ça bosse dur ici. Si vous n’êtes pas prête, vous ne réussirez pas avec moi. Il est clair et net qu’en Afrique aujourd’hui, il est question pour nous d’être prêts physiquement parce que nous avons beaucoup de tares techniques. Nous allons compenser notre déficit technique par la présence physique. Celles qui ne pourront pas s’arrimer ne pourront pas s’en sortir et ne pourront se rendre au Congo. Il n’y a pas de place acquise. Toutes les places se méritent au prorata du bon travail. Il y a des joueuses qui tricheront donc donneront tout pendant l’entraînement pour faire partie du groupe, il y en a qui seront attentistes, il y aura de nombreux visages mais nous saurons déceler les meilleures. Je répète, aucune place n’est acquise.
Vous entrez dans la suite d’une préparation élaborée en amont. A quelques semaines de la CAN, sur quoi insisterez-vous avec ce groupe ?
Avec ce groupe, nous allons armer le moral par un travail physique très intense sans toutefois les escamoter. L’équipe est bien en place, elle a certains repères. Il est question pour nous de redonner confiance, de ramener la sérénité et de booster le moral des joueuses. Pour booster le moral, il faut stresser la psychologie des joueuses par un entraînement dur sans complaisance.
« Il n’y a pas de place acquise »
A votre arrivée, quelle a été la réaction du staff, des joueuses bref de ces personnes installées dans une zone de confort ?
Je dois dire que j’ai trouvé les filles timorées. Elles avaient peur et cela était perceptible sur leurs visages. Il s’agissait de la peur de l’inconnue parce qu’elles ne savaient pas quel allait être leur sort puisqu’elles avaient déjà quelques habitudes. Mais cela s’est dissipé avec le nombre de séances d’entraînement. Les bases sont claires et connaissant le passé de l’Homme, elles savent qu’il faut passer par l’inconfort pour celles installées dans des zones de confort pour mériter leurs places au moment de la sélection finale. Je répète seul le travail compte.
Comment ferez-vous pour identifier et retenir « La Joueuse » qui devra se rendre au Congo ?
Ce sera assez facile pour moi. A chacun des postes, je retiendrai la joueuse qui va satisfaire à toutes les exigences de l’entraînement que nous proposons.
Parlant du stage, que vous reste-il encore à faire ?
Rendus à la phase de pré compétition, nous sommes dans l’ajustement de notre stratégie de jeu. Le programme qui avait été arrêté pour cette CAN par le sélectionneur sortant et validé par la Direction technique Nationale prévoit que nous sommes en période d’affutage. Nous allons continuer à nous appuyer sur ce programme mais, pour renforcer le physique des filles, nous proposons toutes les matinées, un travail physique sans toutefois les amocher. Dans la soirée, nous replaçons les intentions tactiques offensives qui sont proposées par ce programme validé par la DTN.
A quel moment commencerez-vous à penser à vos adversaires dans ce moment de préparation ?
Nous y pensons déjà. D’ailleurs, ce soir (NDLR 15 novembre 2018), nous regarderons le Sénégal. Nous voulons faire voir aux filles ce que les autres font. Ensemble, lors du débat, nous verrons comment elles appréhendent l’adversaire. Le staff a une batterie de vidéos parlant des adversaires. Cette CAN est un combat commun, collectif. Les joueuses doivent être impliquées de bout en bout. Elles doivent dire ce qu’elles ressentent. Quand nous mettrons sur pied la stratégie d’attaque, j’ai envie de dire de « guerre », quand nous seront dans ce front qui nous mènera à la lumière que nous espérons, elles doivent être à fond dedans.
Votre discours s’est-il un tout petit peu attendri depuis votre arrivée chez les Lionnes ?
Je vais vous raconter une petite histoire. Le premier jour, j’ai voulu être doux, changer ma façon de parler puisque la cible n’était plus la même. Mais lors de la deuxième séance, j’ai failli ne pas me reconnaître. Il est préférable que je reste celui que je suis parce qu’en voulant changer je peux dénaturer ma façon de faire. Nous irons jusqu’au bout et seules les survivantes iront à la CAN.
Le staff a été également renforcé par l’arrivée d’un nouveau kinésithérapeute. Quel est son rôle ?
Il faut avouer que depuis quelques années, nous battons afin d’avoir plus de kiné dans son équipes nationale. Je puis vous dire que les U17 ont eu une deuxième kiné dernièrement parce qu’un seul kiné ne peut pas avoir le temps nécessaire pour remettre en place une équipe de 16 à 18 joueuses. Nous voulons que les joueuses soient prêtes. Nous avons loué cette action de la Fédération camerounaise de handball de nous accorder ce deuxième kiné pour permettre aux joueuses de recevoir la meilleure qualité des soins pour remettre en place et sans grignoter sur le temps de repos et d’entraînement, ce un corps à qui on demande trop.Donc il vient en appui à un poste déjà bien mené jusqu’ici.
Interview menée par Angèle BEPEDE
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