Coupe d’Afrique des nations (M):  » un problème d’indiscipline au sein du groupe et au niveau du terrain »

Michael Chuala, arrière des Lions indomptables,parle de la déculottée du Cameroun à la 23e édition de la coupe d’Afrique des nations de handball masculin, Gabon 2018. Ses coéquipiers et lui ont terminé 9e à l’issue de la compétition, performance que l’on a du mal à digérer jusqu’ici.

Le Cameroun est parti confiant à la CAN, Gabon 2018. Plusieurs semaines après l’élimination du Cameroun, que s’est il passé au Gabon ?

A la coupe d’Afrique des nations au Gabon, qu’au départ, après le stage au Brésil tout allait bien. On sentait la concentration. Quand nous sommes arrivés au Gabon, de mon point de vue, il y a eu une fracture entre la confiance qu’il y avait entre les encadreurs et les athlètes puisque c’est sur les réseaux sociaux que les joueurs ont découvert la liste des joueurs retenus pour la compétition. Il y avait déjà comme un malaise. J’ai trouvé l’équipe un peu indisciplinée que ce soit tactiquement donc pendant les matchs sur le terrain, ou hors du terrain. En compétition de haut niveau quand il y a de l’indiscipline, difficile de faire de bons résultats. Donc, la raison principale de ce mauvais résultat au Gabon est plus un problème d’indiscipline au sein du groupe et au niveau du terrain. Si nous étions plus disciplinés dans tout ce que nous faisions, nous aurions pu être meilleurs.

Comment décrivez-vous cette aventure ?

C’est vraiment difficile de décrire cette aventure. Nonobstant tout ce que nous avons traversé je crois que nous avons connu deux volets dans la compétition au Gabon. D’abord, le stage au Brésil. Là-bas, on sentait une équipe mobilisée, concentrée et fixée vers l’atteinte des objectifs annoncés à savoir : le podium de la CAN. Cette partie de l’aventure était très belle. Nous avons vécu des moments mémorables. Tout s’est très bien passé dans de bonnes conditions. Maintenant, le deuxième  volet porte sur la compétition. La participation était hideuse, la sortie amer, les mots péjoratifs se bousculent pour décrire la déception. Je ne trouve pas les mots exacts pour décrire la déception face à la déception que l’on a pu observer. Nous étions préparés pour faire de bons résultats. Pour moi, c’était la débâcle totale.je résume cette aventure en deux parties : la préparation qui était très bien faite. La deuxième partie à savoir la compétition proprement dite, nous sommes passés à côté. Nous avons tout fait de travers.

Michael Chuala: « Faire un mois à l’extérieur a été une surprise pour nous »

Michael Chuala, arrière des Lions indomptables du handball: « Ce qu’il faut retenir c’est que nous manquons de constance dans le jeu. « 

Au regard du passage du Cameroun à cette CAN, que peut on améliorer d’après vous qui avez vécu tout de l’intérieur ?

Au sortir de cette CAN, je vais prendre pour référence notre match contre la Tunisie. C’était notre meilleur match de la CAN. Ce qu’il faut retenir c’est que nous manquons de constance dans le jeu. Nous avons mal joué contre l’Algérie, le match qui a suivi, celui contre la Tunisie, nous avons bien joué malgré la défaite. Cette défaite est liée aux détails. Le match suivant contre le Congo, nous avons connu de piètres performances. Nous avons bien joué contre le Gabon de même que lors du match de classement contre le Nigeria. Nous avons été sérieux et nous avons fait la part du boulot. Je pense que les joueurs doivent être plus disciplinés. Dès qu’un joueur pense à autre chose qu’à la compétition, tout est perdu d’avance. Nous devons respecter les consignes, être posés dans notre façon de jouer. Quelque soit ce que l’adversaire nous pose comme problème nous devons prendre le temps de réfléchir rapidement et nous réorganisé tactiquement. Nous devons avoir une philosophie de jeu, identité de la sélection du Cameroun. Nous avons essayé de poursuivre cela au Brésil mais, en compétition, nous avons gardé nos mauvaises habitudes de jeu : jouer n’importe comment. On doit continuer dans la lancée du Brésil où nous devons faire confiance à ce que l’on sait faire, miser sur nos atours. A force de répéter, nous pourrons avoir ce style de jeu pour de meilleurs résultats. Il faudra être patient et discipliné.

Justement, parlons de ce stage au Brésil…quelle a été son incidence sur votre progression ?

Au Brésil, nous avons travaillé sur une philosophie de jeu qui était nôtre, nous avons mis en place notre système de jeu propre au Cameroun. Nous devons perfectionner cette façon de jouer. Ce stage a été bénéfique sur tous les plans : humain et sportif. Il a permis à chacun d’évoluer. Le stage associait la technique, la tactique et la science. Peut-être, le fait de bénéficier d’un stage d’un mois loin de nos proches et loin du Cameroun a  été contreproductif parce que c’est la première fois que nous bénéficions de cela. Mais en faisant des stages similaires, les joueurs vont s’habituer. Faire un mois à l’extérieur pour préparer une compétition a été une surprise pour nous. Le stage a été bénéfique mais on n’a juste pas su être disciplinés pour utiliser les acquis du stage pendant la CAN.

Michael Chuala, « Côté maturité, ils me le disent : j’ai gagné »

Mis à part le résultat, la CAN, bonne ou mauvaise expérience sportive pour vous ?

La CAN a été une bonne expérience dans la mesure où elle nous pousse à nous remettre en question. Je suis fiché au niveau africain. Les joueurs maîtrisent mon style de jeu. Ils travaillent sur mes forces. Ce passage au Gabon m’a permis de savoir que c’est à moi de travailler davantage pour avoir plus d’éléments en ma possession et pour éviter d’être lisible. C’est à moi de surprendre les joueurs pour jouer leur tactique contre moi. Du point de vue collectif, cela a été une bonne expérience pour le groupe dans le sens où, nous devons comprendre que notre jeu désordonné donne des résultats parfois mais nous devons être plus disciplinés techniquement et tactiquement. Nous avons du potentiel. Il faut pouvoir le gérer et le discipliner. Mais, c’était une mauvaise expérience dans la mesure où depuis que je participe aux compétitions avec l’équipe nationale, c’est la première fois que nous ayons un tel résultat. Le résultat n’était pas bon. C’est le côté négatif de la chose. Mais il faut retenir le positif, l’améliorer et l’avancer pour être meilleurs lors des prochaines compétitions..

Qu’est ce que cette CAN et ce passage au Brésil ont apporté sur le plan personnel et dans la vie du groupe de façon plus globale?

En matière de vie de groupe, ce groupe est l’un des meilleurs en termes d’humain. Il est homogène, assez respectueux. Je le réitère, le seul hic, c’est cette indiscipline. La génération actuelle, constituée de jeunes talentueux, du fait de son talent croit qu’il lui est tout permis. Ce sont des choses gérables de toutes les façons. Nous sommes sincères dans le groupe, il n’y a pas de dictature. On doit juste recadrer certains éléments dans le sens de la discipline pour avoir un meilleur groupe Je suis rentré en club depuis le 18 février 2018. Côté maturité, ils me le disent : j’ai gagné. Ils pensent que je ne suis plus le joueur qui fait tout d’instinct. Avant, ça marchait mais là, je suis plus efficace. Je m’efforce de ne pas prendre de faux risques. Nous avons commencé un tournoi de la police puisque la police célèbre sa fête locale le 28 février. On aura le temps d’observer la prestation le long de cette compétition pudique je joue avec le club de la police.