Sidony Mpay Sinkot: La déménageuse
En stage avec les Lionnes du handball, Jules Sidony Mpay Sinkot, 29 ans, prépare pour la toute première fois, une CAN. Médaillée d’argent aux Jeux africains, elle revient dans une sélection laissée en 2015. Portrait de l’ancienne joueuse de Progresso d’Angola.
L’allure robuste, la démarche ferme, le pas alerte. Jules Sidony Mpay Sinkot (29 ans), l’un des pivots des Lionnes du handball en stage au palais des Sports de Yaoundé sait ce qui fait sa force. Tout se résume à son allure, son potentiel et atout majeur pour une joueuse à ce poste : pivot. Elle va chercher dans le mètre 87 et sa masse pondérale (90 kg) reste conséquente. Son heure de combat au cœur de la défense adverse elle, sait bien la vivre. Ce n’est peut-être pas la joueuse explosive mais c’est la « Hulk » des Lionnes du handball. Les défenses adverses la redoutent. Jules Sidony Mpay Sinkot sait perturber sans relâche, les défenseurs positionnés sur la ligne des six mètres. Pour certains, « c’est une emmerdeuse ». En situation d’attaque, voici son jeu : combinaison avec ses coéquipières, réception du ballon qu’importe sa posture. Et voilà la spéciale Sinkot « j’ai l’habitude de pivoter puis de balancer mon ou mes adversaires sur le côté en perçant la défense. Je sais une chose, je sors généralement de ces moments avec un deux minutes pour l’adversaire et un but », résume-t-elle.
En défense, c’est une espèce d’arme de destruction massive. Son imposant gabarit lui permet d’aller aisément et naturellement au charbon. Son « jeu musclé », elle le tient assurément de son père, Isaac Gilbert Sinkot, ancien latéral gauche des Lions indomptables. Elle ne peut entamer ni conclure une conversation autour de sa carrière sa évoquer le nom de son géniteur, son premier modèle.Ne lui citez pas ces noms de stars étrangères. Ses modèles, elle les puise dans l’univers local.

Sidony Mpay Sinkot, la déménageuse des Lionnes du handball.
Elle n’a aucun complexe devant le palmarès souvent élogieux de ses adversaires. Son moral y contribue. Un moral forgé dans les rues de Ngodi dans la ville de Douala au Cameroun. Son apprentissage s’est fait dans les même rues, le cœur joyeux d’une gamine qui s’impose déjà dès l’âge de 10 ans. Sa passion pour le football et son apprentissage de cette discipline dans les rangs de Dynamo de Douala, ont bien contribué à forger son caractère. Son apprentissage s’est passé au milieu de jeunes garçons. Contrairement aux jeunes filles de son âge, ses parents ont été conciliants. « Ma mère (Salomé Mpay), qui a joué au handball au lycée n’a pas mal pris. Mon père m’a beaucoup encouragé et m’a souvent orienté sur ma façon de jouer » soutient cette sixième née d’une famille de sept enfants.
Au Congo du 2 au 12 décembre 2018, ce sera la première CAN de Sidony Sinkot si elle est retenue par l’entraîneur -sélectionneur, Simon Buchard Menguede. Chez les Lionnes, elle sera cette espèce de Weapon X de l’univers Marvel. C’est en 2001 que Sinkot découvre le label Lionnes Indomptables. Elle est convoquée pour un tournoi avec la sélection des juniors. Son coach d’antan, Marius Mouthe, d’heureuse mémoire, en son temps, avait probablement décelé cette arme défensive. « Il m’a tellement apporté. Travailler avec lui était éprouvant mais on apprenait beaucoup », reconnaît la « déménageuse ». Ses passages dans les clubs locaux lui ont ouvert les portes de la plus prestigieuse des compétitions de handball féminin en Afrique : le championnat angolais. Le séjour à Progresso d’Angola a été la rampe pour qu’elle apprenne davantage dans ce métier de joueuse. Si elle luit au championnat congolais avec DGSP (1er du championnat), aujourd’hui, elle veut tout donner pour la destination Brazzaville. Là-bas, Jules Sidony Mpay Sinkot n’a pas l’intention de briller en solo au Congo. Les lumières, elle les souhaite pour toute l’équipe d’autant que le Cameroun organisera en 2020, la prochaine édition de la CAN dames de handball. Elle ne veut plus se contenter de cette médaille d’argent décrochée aux Jeux Africains en 2015 au Congo. le Congo, son porte bonheur? Toujours est il qu’elle rêve d’un laurier en or, comme son père, en 1984 lors de la coupe d’Afrique.
Angèle BEPEDE